Collections d'abeilles

Collections d'abeilles

Collection de référence abeilles sauvages

Comment reconnaître une abeille ?

  Il existe plus de 970 espèces d’abeilles en France, - dont Apis mellifera, l’abeille mellifère ou aussi abeille domestique – et environ 2000 en Europe

http://www.discoverlife.org/mp/20q?guide=Apoidea_species.

Ce groupe des abeilles est dénommé collectivement Anthophila (anciennement Apiformes)

 Les abeilles appartiennent à l’ordre des Hyménoptères et se distinguent des autres ordres par :

 - deux paires d’ailes membraneuses apparemment non poilues et avec des nervures ;

- des ailes postérieures plus petites que les ailes antérieures ;

- des ailes antérieures avec peu de nervures ;

- des pièces buccales de type broyeur ou broyeur-suceur ;

- des tarses à quatre ou cinq articles.

 Parmi les Hyménoptères, les abeilles se distinguent par des caractéristiques morphologiques simples :

 - la présence de poils branchus, plus ou moins ramifiés et sur tout ou partie de leur corps selon les espèces. Ainsi, certaines abeilles cleptoparasites ou « abeilles coucous » comme les Nomades (Nomada  spp.) ont un corps avec très peu de poils et peuvent se confondre avec des guêpes. Ce sont ces poils branchus qui font des abeilles des insectes pollinisateurs particulièrement efficaces, puisqu’ils leur permet de transporter des quantités importantes de pollen sur leur corps à leur insu. Ce pollen est ensuite déposé sur le stigmate des fleurs au fur et à mesure de leurs visites successives. La pollinisation par les abeilles est donc un phénomène passif ;

pollen

- les femelles possèdent en général une structure de récolte pour le pollen, encore appelée scopa, qui peut être présente sur les pattes postérieures ou sous l’abdomen (sauf pour les espèces « coucous »). Chez les Apinae (Apis mellifera et Bourdon Bombus spp.), le pollen est stocké sous forme agrégée sur les tibias postérieurs qui sont élargis et forment des corbiculae;

- le pronotum (partie antérieure du thorax) n’atteint pas les tegulae (zone d’insertion des ailes) en vue supérieure ;

- Les pièces buccales incluent généralement une glosse (langue) adaptée à récolte du nectar ;

- les ailes sont étalées sur le dos au repos (tandis que chez les guêpes, elles sont repliées longitudinalement).

 Les Apiformes sont répartis en 6 familles divisées en deux groupes selon la taille de la langue :

                               Abeilles à langue longue : Megachilidae, Apidae

                               Abeilles à langue courte : Mellitidae, Halictidae, Andrenidae, Colletidae

 Que mangent-elles ?

Leur régime alimentaire est phytophage, les abeilles se nourrissant uniquement de pollen, nectar ou huiles prélevées sur les espèces végétales butinées. Certaines espèces sont très généralistes comme l’abeille mellifère qui récolte son pollen sur plusieurs centaines d’espèces végétales. Au contraire beaucoup d’espèces d’abeilles ont une spécificité alimentaire car elles  n’utilisent le pollen que d’une ou de quelques espèces de fleurs d’un même genre ou d’une même famille pour se nourrir.  On parle alors de monolectisme  (une seule espèce comme l’andrène Andrena florea qui récolte tout son pollen sur la bryone dioïque Bryonia dioica) ou d’oligolectisme (comme beaucoup d’halictes sur les astéracées).

Andrena florea
Andrena florea sur fleur de Bryonia dioica (Photo : N. Morison)

Nidification

En matière de nidification, 85% des espèces d’abeilles nichent dans le sol, ce sont des espèces terricoles, dont les nids peuvent être rassemblés en bourgades ou agrégations. Les autres espèces nichent dans des tiges à moelle ou des cavités creusées dans du bois. On parle alors d’espèces rubicoles ou cavicoles. Quelques rares espèces hélicicoles nichent dans des coquilles d’escargots.

 La majorité des espèces d’Apiformes sont solitaires, c’est-à-dire que chaque femelle construit son nid et y apporte des ressources alimentaires pour constituer le pain de pollen sur lequel elle va pondre.  Les générations successives ne cohabitent pas, sauf chez 2 genres d’Apidae, Apis et Bombus, avec la présence d’une reine fertile et d’ouvrières. A noter que différents niveaux de socialité existent chez les Halictes (Halictidae), avec parfois la présence de plusieurs femelles fertiles dans le même nid.

nidification1

                                        

Qu’est-ce qu’une collection de référence ?

L’identification des abeilles à l’espèce nécessite généralement l’observation de caractères morphologiques qui sont souvent très petits et nécessite d’observer le corps de l’abeille sous une loupe binoculaire. Cela implique donc la capture et la préparation des spécimens suivant les règles entomologiques usuelles. Une collection de référence est donc constituée de spécimens épinglés,  déshydratés, et dûment identifiés à l’espèce par des taxonomistes spécialistes du genre considéré. Une dizaine de spécialistes européens sont ainsi sollicités pour identifier les insectes capturés et préparés au laboratoire.

collection d'abeille

Pourquoi une collection de référence ?

Notre collection a pour objectif d’illustrer et de mieux connaître les 930+ espèces présentes sur le territoire français métropolitain. De plus, cette collection revêt un double intérêt :

 

            • un intérêt pédagogique, puisqu’elle permet de découvrir la diversité des Apiformes (c’est un outil de formation, comme celles organisées pour les enseignants des lycées agricoles du réseau « Apiformes »), mais aussi  l’identification de nouveaux spécimens ;

            • un intérêt scientifique majeur, puisque chaque insecte est associé à des étiquettes où figurent des données biologiques (sur quelle fleur ?), phénologiques (quand ?) et géographiques (où ?) ainsi qu’un numéro unique qui permet une traçabilité de chaque spécimen.

 Etat des lieux

Notre collection compte actuellement 549 espèces, chacune étant si possible représentée par 5 spécimens de chaque sexe. Mais pour certaines espèces peu présentes dans les milieux prospectés dans le cadre de nos activités de recherche (principalement milieux agricoles ou urbains à ce jour), il sera difficile d’avoir les 10 représentants, et d’autres ne pourront être obtenues que par des échanges avec d’autres entomologistes, car inféodées à des milieux très particuliers comme les marécages voire endémiques de certains sites, où nous n’effectuons pas de captures.

 

            Les spécimens sont stockés dans des boîtes entomologiques, piqués sur une plaque de mousse appelée émalène. Ceux de la collection de référence sont présentés dans des cartons entomologiques avec couvercle en verre de façon à pouvoir montrer la biodiversité des Apiformes aux éventuels visiteurs, les autres sont stockés dans des boîtes en bois, avec un classement alphabétique des genres.

emplacement collection

Au cours des 20 dernières années, ce sont ainsi près de 75000 spécimens qui ont été capturés.

             Les données de captures figurant sur les étiquettes placées sous l’insecte, ont été saisies dans une base de données FileMaker Pro. Chaque spécimen possède un numéro unique d’identification et une destination permettant de le retrouver dans la salle de collection, ancienne chambre froide équipée d’une climatisation (15°C) et d’un déshumidificateur (50% HR). Les conditions de température et d’hygrométrie sont ainsi contrôlées afin d’empêcher tout développement de moisissures ou d’insectes « muséophages », susceptibles de dégrader les tissus des insectes épinglés (Anthrenus spp., Dermestes spp....)

             La salle de collection fait donc partie des lieux de stockage stratégiques de l’unité. Par conséquent, elle fait l’objet d’un Plan d’Urgence Interne (PUI) si un sinistre devait se déclarer (incendie, inondation).

Compétences et outils au laboratoire Pollinisation et Ecologie des Abeilles :

- Capture et Identification au genre des spécimens d’abeilles non-Apis (1 TR titulaire + personnel temporaire)

            - Matériel de capture (filets et coupelles colorées, boîtes à poison)

            - Matériel de montage des spécimens (pinces entomologiques, épingles, boîtes…)

            - 5 loupes binoculaires

            - 1 laboratoire d’entomologie (env. 6 m de paillasses)

            - 1 salle de collection de 5,30 m2 (hygrométrie et température contrôlées) avec 30 m d’étagères.

Site de collection

           - 1 congélateur de 400 L pour l’assainissement des boîtes de spécimens.

Perspectives

Les spécimens en surnombre sont conservés à des fins d’analyses morphologiques (distance intertégulaire) ou biochimiques (recherche de marqueurs ADN pour identification à l’espèce, ou d’ARN viraux). Ils peuvent également faire l’objet d’échanges avec d’autres spécialistes des abeilles, ou permettre des études biogéographiques sur différentes populations, ou encore, permettre d’observer l’évolution de la phénologie à la fois des insectes, mais aussi des plantes.

            Par ailleurs, l’acquisition d’un système photographique de type « Stackshot » va nous permettre d’illustrer l’ensemble des espèces présentes dans notre collection.

            La poursuite du réseau Apiformes (impliquant la collecte de spécimens sur les exploitations des lycées agricoles par les enseignants), devrait permettre d’abonder notre collection et de mieux connaître la répartition de certaines espèces à l’échelle du territoire français.

Contact:

Laurent GUILBAUD

Technicien de la Recherche

e-maillaurent.guilbaud@inrae.fr